Rudy Rigoudy // Artiste - Enseignant - Designer
Rudy Rigoudy // Artiste - Enseignant - Designer

Ellipsis

Ellipsis est une œuvre associée au numéro Y (à paraître) de la Collection 28, consacré à La grande vague de Kanagawa d’Hokusai (Gravure sur bois nishiki-e, format Oban yoko-e 25,7 Å~ 37,9 cm, 1830, Metropolitan Museum of Art, New York).

L’intention est de rendre visibles des phénomènes atmosphériques à partir de données immatérielles. A travers un cadre en forme de points de suspension – évocateur d’un flottement ou d’un imaginaire silencieux -, la projection de quatre paysages photographiques rejoue le cycle des marées. Un fondu enchainé de six heures entre deux d’entre eux se répète dans une boucle de vingt-quatre heures. Un programme récupère en temps réel les données de deux balises météo. L’une est située à la position du point de vue de la Grande vague de Kanagawa d’Hokusai au Japon et l’autre à Belharra en France, où vit le surfeur deleuzien Gibus De Soultrait (invité à contribuer au numéro Y de la Collection 28). Ces données sont interprétées par le programme pour générer des effets dans la projection :

Données météo :
Humidité
Force du vent
Température de l’eau
Fréquence des vagues
Hauteur des vagues

Effets dans la projection:
Bruit
Décalage couleur horizontal et vertical
Glitch et angle du glitch
Distorsion horizontale
Distorsion verticale

En connectant ainsi des espaces – réels et figurés – par des données en mouvement, les vibrations visuelles d’Ellipsis portent le regard proche de ce que les japonais appellent l’Ukiyo-e, l’image du monde flottant.

Développée par Jonathan Juste, elle est visible ici.

Sur mon mur Instagram, ce sont les éléments de sens attribués aux points de suspension (ellipsis en anglais) dans le langage qui m’intéressent. Dans l’écriture, ce signe renvoie à un flottement, à un sous-entendu ou à quelque chose passé sous silence. Il donne un effet de raccourci et sollicite l’imagination pour représenter le silence. En le transformant en cadre – tel les hublots d’un bateau -, par l’inclusion d’un paysage photographique réparti sur les trois cercles, j’essaye de (re)transcrire ces caractéristiques sémantiques en image et de les relier à un non-lieu atmosphérique hors du temps, à un silence visuel où un regard(eur) solitaire a retenu sa respiration l’espace d’un acte photographique.

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